Chapitre 18 – Le jour où j’ai fui

Je ne me souviens pas avoir jamais couru aussi vite de ma vie. Après avoir fui mon immeuble, Rémi et moi avons continué notre course effrénée jusqu’à être persuadés d’avoir semé l’homme de main de Tanim. Nous avons traversé le centre-ville, puis longé les quais, jusqu’à nous retrouver sur la petite île où Denis m’avait emmenée pour procéder à ma reconnexion. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi cet endroit, c’est le premier qui m’est venu à l’esprit alors que la panique m’empêchait de réfléchir clairement.

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Je ne me souviens pas avoir jamais couru aussi vite de ma vie. Après avoir fui mon immeuble, Rémi et moi avons continué notre course effrénée jusqu’à être persuadés d’avoir semé l’homme de main de Tanim. Nous avons traversé le centre-ville, puis longé les quais, jusqu’à nous retrouver sur la petite île où Denis m’avait emmenée pour procéder à ma reconnexion. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi cet endroit, c’est le premier qui m’est venu à l’esprit alors que la panique m’empêchait de réfléchir clairement.

Appuyée contre un saule dénudé, les pieds dans le sable, j’ai cherché à reprendre mon souffle. Nous étions loin de la ville et sur l’île, tout était calme, mais je sursautais à chaque grincement de branche ou clapotis plus sonore que les autres. Rémi ne semblait pas être dans un bien meilleur état, mais je n’avais pas le courage de m’enquérir de sa condition. Tout ce à quoi je pensais, c’était mon appartement, livré à la merci de Tanim. Mon ordinateur, mes vêtements, mes photos… Est-ce que je les reverrais seulement un jour ? J’ai senti une crise d’angoisse monter dans ma poitrine en réalisant soudain que j’étais expulsée de chez moi, qu’il était possible que je ne retrouve jamais mes affaires, que ça y est, j’avais franchi le point de non-retour.

Ma respiration s’est accélérée en pensant à l’enchaînement de conséquences si je remettais les pieds dans mon appartement. Ces hommes m’attendaient pour que je rende des comptes. Je pouvais supposer qu’en nous voyant fuir, ils étaient entrés chez moi pour fouiller. Ils avaient probablement commencé par mon ordinateur, encore ouvert sur ma veille autour de notre dernière action. Ce n’est pas une preuve de quoi que ce soit, mais ils pourraient éventuellement creuser davantage. A cet instant, je me suis félicitée d’avoir évité tout contact avec le groupe autrement qu’en vis-à-vis. Je ne m’étais limitée qu’à quelques coups de fil avec François. Mais c’est là que j’ai réalisé… Mon téléphone ! Il était encore synchronisé avec mon ordinateur ! J’ai arraché l’appareil de ma poche et l’ai rapidement rétabli aux paramètres d’usine. Vous jugez cette mesure un peu extrême ? Mais est-ce que vous voyez un moyen plus rapide de désactiver toute synchronisation de données aujourd’hui ? Vu le nombre d’applications que j’ai en commun entre mes appareils, les hommes de Tanim n’auraient même pas besoin d’un hackeur pour retracer mes déplacements, mes appels ou mes messages. La mort dans l’âme, j’ai regardé l’appareil s’éteindre, puis j’ai retiré la carte SIM.

« Ça va ? », m’a demandé Rémi en me voyant jeter avec rage le petit bout de plastique dans le fleuve.

J’ai senti des larmes me monter aux yeux. Etait-ce de la colère, du chagrin ou de la peur ? J’ai hurlé :

« Non, ça ne va pas du tout ! Ils sont venus me chercher Rémi !  C’est beaucoup trop réel pour que je puisse le supporter ! Ils sont peut-être en ce moment même en train de retourner mes affaires, toute ma vie et j’ai l’impression de revivre l’agression de Tanim une nouvelle fois ! »

Il n’a rien dit et m’a laissée me défouler.

« Je ne peux plus retourner chez moi ! Je ne sais pas comment ils m’ont retrouvée, ce qui exclut d’aller chez toi ou de nous réfugier chez des proches sans risquer de les mettre en danger. Il fait froid, on va probablement passer la nuit dehors et je ne sais pas où aller ! »

Je me suis adossée contre le tronc d’un saule, me laissant glisser jusqu’au sol, le visage entre les mains. Je pleurais pour de bon.

« Il y avait encore le texte de la dénonciation de Tanim dans mes fichiers. Ils vont sûrement le trouver et avec ça, ils n’auront plus qu’à aller directement voir la police pour leur présenter ma confession du cambriolage. Si j’y retourne, je me ferai soit tabasser, soit arrêter… Oh non, attends, il y a encore une autre option : peut-être que Tanim me fera disparaître, tout simplement, ou que son réseau choisira de me décrédibiliser publiquement pour étouffer l’affaire. Je n’arrive pas à imaginer quel choix des hommes aussi puissants feront. »

Ma tête tournait. J’ai plongé mes mains dans le sable, cherchant une sorte de réconfort dans la fraîcheur du sol. « Calme-toi, respire ! » m’a soufflé mon cerveau alors que je fermais les yeux. C’est impressionnant la capacité qu’a un corps à réagir à la panique. J’ai forcé mon souffle à se ralentir et me suis représenté un bouton « off » à presser dans ma poitrine, comme celui de mon smartphone tout à l’heure. Je me suis concentrée sur le bruit de l’eau et le contact du sable dans mes mains. « Stoppe tout, Angèle. Arrête et réfléchis ».

Mon esprit s’est vidé et au bout de ce qui me semblait être des heures, mon pouls est revenu à la normale. J’ai rouvert les yeux, apaisée, pour sentir aussitôt mon cœur s’accélérer de nouveau. Rémi n’était plus dans mon champ de vision. J’ai aussitôt crié son nom, au comble de la panique. Comment pouvait-il partir au moment où j’avais le plus besoin de lui ? Combien de temps avais-je fermé les yeux ? Alors que mon cerveau affolé imaginait déjà les pires scenarii, Rémi a surgi sur le petit chemin, un sac plastique se balançant dans sa main. J’ai crié :

« Comment tu as pu partir sans me prévenir !? Tu veux me tuer ou quoi ? »

En guise de réponse, il m’a tendu le sac plastique.

« Tu semblais avoir besoin de calme. Alors je suis allé chercher des kebabs. Désolé, mais je ne pouvais pas faire mieux avec la monnaie qu’il me restait. »

L’odeur de viande et de frites m’a chatouillé les narines, provoquant un long gargouillement dans mon ventre. J’ai saisi le sachet avec un regard mauvais dans sa direction.

« T’as de la chance d’avoir à manger », ai-je fait avant de croquer dans le sandwich.

Je mourrais de faim, en fait. Rémi s’est assis devant moi puis m’a observée tranquillement. Il m’a caressé gentiment les cheveux.

« Et maintenant, ça va mieux ?

– Oui », ai-je marmonné en terminant ma bouchée.

« Bien. Alors réfléchissons ensemble. Tu as raison de ne pas vouloir mettre nos proches en danger. On va aller retirer de l’argent et on se prendra un hôtel pas trop cher sous un faux nom. Ça devrait aller pour cette nuit. Est-ce qu’il y a quoi que ce soit chez toi qui t’est vital ? »

J’ai réfléchi. Tous mes papiers importants étaient dans mon sac. Je ne suis pas de traitement médicamenteux ni n’ai d’allergies qui pourraient m’handicaper. Ce qui me manquait le plus, c’était mon matériel photo. Il était resté chez moi, bien en évidence dans mon salon, à la merci de Tanim. Je n’avais certainement pas assez d’argent pour me racheter un appareil de qualité et même si c’était le cas, j’avais l’impression que ce serait abandonner mon compagnon photographique. C’est peut-être stupide, mais à ce moment j’ai eu une larme en m’imaginant mon appareil photo se sentir trahi en voyant que je ne venais pas le chercher.

« Mon appareil photo », ai-je fait avec des trémolos dans la voix.

Rémi a ouvert puis fermé la bouche : lui et moi savions que ce n’était pas une demande raisonnable. Hors de question d’y retourner. Il n’a rien ajouté. J’ai eu un dernier petit reniflement avant de me lever.

« Viens. Allons retirer de l’argent et trouver un hôtel. »

Nous avons retiré des billets au premier distributeur venu, puis sommes partis en quête d’un établissement encore ouvert aux réservations.

« Je ne me souvenais pas que c’était si cher de dormir dans un hôtel » a noté Rémi.

Son ton était volontairement léger, comme si nous étions seulement des touristes perdus dans une ville nouvelle. Je suis entrée dans son jeu, pour me changer les idées.

« Et encore, tu n’as rien vu ! L’hôtel dans lequel travaille Romuald facture l’équivalent d’un SMIC pour une semaine. Il aime bien dire que c’est surtout pour la qualité de ses services… »

Soudain, je me suis figée au milieu du trottoir.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » a demandé Rémi.

J’ai levé la tête vers lui, les yeux écarquillés.

« Romuald ! Lui, il saura quoi faire. Il a déjà vu pire comme situation chez ses clients. Et il a le même numéro de portable depuis toujours, je le connais par cœur. »

Avant que Rémi ne puisse ajouter quoi que ce soit, j’ai couru jusqu’au bureau de tabac le plus proche.

« Un téléphone mobile jetable, s’il vous plaît. »

Le buraliste m’a dévisagée en me tendant l’appareil, mais n’a pas fait de commentaire. J’ai composé le numéro de mon meilleur ami sitôt la porte franchie.

« Romuald ? C’est Angèle. Oui, je sais que c’est ta soirée de Saint-Valentin… Non. Désolée… J’essaye de… Je… »

Sa voix furieuse ne faisait qu’interrompre mes explications. Soudain, j’ai senti la moutarde me monter au nez. J’ai hurlé dans le combiné.

« La ferme, Romuald ! Je ne t’appellerais pas si ce n’était pas une urgence, okay ? Des hommes m’attendaient à mon appartement, ils avaient le carnet du cambriolage ! J’ai dû partir, je suis dehors, il fait froid et je ne sais pas quoi faire. »

Eeeet bien sûr, les larmes sont revenues. Self-control : zéro. Mais la voix de mon meilleur ami s’est adoucie. J’ai mis le haut-parleur pour Rémi.

« Angèle, rassure-toi, ça va aller. Ne retourne pas chez toi et prends un hôtel. Changes-en tous les soirs et reste enfermée. Je vais voir ce que je peux faire de mon côté. Laisse-moi une semaine et on se retrouve à 13 heures jeudi prochain là où je suis allé chercher le dernier cadeau que je t’ai offert.

– D’accord. Merci », ai-je fait avec une petite voix.

Puis il a raccroché. Rémi m’a regardée.

« Qu’est-ce qu’il va faire, selon toi ?

– Aucune idée. Mais je lui fais confiance, il va trouver une solution. En attendant, prépare-toi à vivre en cavale pendant quelques jours… »

Je me sentais déjà mieux. Je connaissais le Romuald des situations de crise : il était discret, mais redoutablement efficace. Rémi a eu un petit grognement.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il a haussé les épaules.

« Jure-moi juste que l’année prochaine, la Saint-Valentin, on oublie. »

.

Le jeudi est enfin arrivé. Je peux maintenant dire que j’ai survécu à la pire période de ma vie. Rémi et moi avons respecté les consignes de Romuald. Nous tournions un peu en rond dans les différentes chambres d’hôtel, mais Rémi a eu la bonne idée de récupérer des livres dans les petites bibliothèques à l’air libre cachées dans des recoins de la ville. J’ai apprécié me plonger dans des univers fantastiques plutôt que d’avoir l’occasion de ruminer ma situation. Je m’interdisais de regarder la télé, également, par peur de tomber sur des informations me concernant : je n’étais pas sûre de pouvoir encaisser des nouvelles dont j’étais responsable. Je n’ai pas eu d’autre contact avec Romuald, mais je restais confiante : il saurait quoi faire.

Maintenant, Rémi et moi sommes assis sur un banc dans le parc, près de l’endroit où trônait mon arbre. C’est là que Romuald a prélevé le plant de chêne, son dernier cadeau. C’était malin de sa part d’utiliser ce code pour définir notre lieu de rendez-vous : si jamais il avait été placé sur écoute, personne n’aurait compris. J’espère juste ne pas lui avoir attiré d’ennuis. Je guette anxieusement son arrivée en faisant mine de déguster mon sandwich, mais mon stress me donne l’impression de mâcher du carton. Rémi semble lui aussi plongé dans la contemplation de son bagel, sans donner l’impression de l’apprécier.

Soudain, une main se pose sur mon épaule et je fais un demi-tour en saisissant le poignet de mon agresseur. J’entends un cri :

« Stop Angèle ! C’est moi, arrête ! »

L’accent chantant me surprend avant que je n’identifie enfin Denis, debout derrière notre banc.

« Denis !? Qu’est-ce que tu fais là ?

– C’est Romuald qui m’envoie à sa place. Il a pensé que ce serait plus discret, si jamais il était suivi. Tu peux lâcher mon poignet maintenant ? J’ai l’impression que tu vas me le casser tellement tu le serres fort. »

Le Brésilien a l’un de ses rires chaleureux et, je ne sais pas pourquoi, je me sens immédiatement plus rassurée. Il vient s’asseoir à côté de moi alors que Rémi s’éclaircit la gorge.

« Oh oui, pardon. Rémi, je te présente Denis. C’est un ami de Romuald qui m’a déjà aidée par le passé. On peut lui faire confiance. Denis, voici Rémi, mon compagnon de cavale. »

Denis a un froncement de sourcil et tend une main hésitante, que Rémi serre avec vigueur.

« Bonjour Rémi. Je suis désolé, mais Romuald ne t’a pas mentionné. Il n’a parlé que d’Angèle, quand il évoquait cette mission sauvetage… »

Oui, je sais ce que vous pensez : « quelle gourde, comment a-t-elle pu ne pas mentionner Rémi ? » Mais je connais Romuald : s’il avait su que Rémi était mêlé à mes mésaventures, la première chose qu’il aurait faite, c’est l’écarter de moi. Il se méfie des personnes qu’il ne connaît pas et vu notre historique avec Rémi, j’aurais eu du mal à plaider sa cause en cinq minutes au téléphone. J’ai préféré opter pour l’option « présentations devant le fait accompli ».

Je n’essaye pas de me justifier et me contente d’un :

« Je sais, mais il a besoin d’aide, lui aussi. »

Denis pousse un soupir et sort un sandwich d’un sac en papier. Il réfléchit en mastiquant, puis dévisage Rémi de haut en bas, en gardant les sourcils froncés.

« Ça ira, je peux trouver une solution. »

Il plonge une main dans sa poche et en sort un smartphone qu’il me tend.

« Angèle, Romuald m’a confié plusieurs choses à te transmettre. Déjà, prends ça. Romuald veut que tu aies un téléphone sur lequel il puisse te joindre sans danger et on veut éviter que tes proches ne s’alarment si jamais tu disparais trop longtemps. Tu peux réinstaller toutes tes applications : Malik et Isidore ont fait en sorte que la géolocalisation reste bloquée sur notre ville, quel que soit l’endroit où tu te trouves. Tu ne risques pas de te faire tracer, mais évidemment ne donne jamais d’indice sur l’endroit où tu te trouves vraiment, que ce soit par message, par photo ou par téléphone.

– Compris.

– Super. Maintenant installe-toi et respire un grand coup. »

Je prends une longue gorgée de ma canette de jus de fruit pour me calmer les nerfs.

« Tu vas devoir partir. Loin. Oublie ton appartement, tu ne le récupéreras pas. Romuald s’occupe de l’administratif, ne t’inquiète pas. Et je vais t’emmener quelque part où la Sédition pourra te récupérer pour t’héberger.

– Quoi !? »

La surprise m’a fait recracher mon jus de fruit par le nez et je suis prise d’une violente quinte de toux. Denis continue son explication pendant que je reprends ma respiration.

« On va t’emmener au QG de la Sédition, mais il se trouve dans une autre région. Tu auras tout ce qu’il te faut pour vivre là-bas et tu pourras y commencer une nouvelle vie. Alexandra m’a dit que tu as été acceptée et même si c’est rare, elle a proposé que tu emménages avec nous. »

Je réussis enfin à inspirer pour le couper.

« Attends, attends, une seconde. Tu connais Alexandra ? »

Le Brésilien a un sourire et ouvre son col pour me montrer le cordon qu’il a autour du cou. Un médaillon en forme d’arbre y pend. Au centre, je distingue une petite pierre dorée. Je n’ai aucune idée de sa signification, mais le Brésilien reprend :

« Je suis même un de ses lieutenants, si tu veux tout savoir. »

Puis il éclate de rire devant mon air ahuri. C’est trop d’informations pour moi : j’ai du mal à tout encaisser. Je jette un œil inquiet vers Rémi, qui écoute avec attention. Il n’a pas l’air surpris de ces nouvelles, confirmant ainsi mon doute : il connaît bien la Sédition. Denis reprend :

« Alexandra considère que notre groupe est en partie responsable de ta situation. C’est juste normal que l’on te porte assistance.

– Comment ça, « en partie responsable » ? », je m’exclame.

Denis perd immédiatement son sourire.

« Quand Romuald m’a expliqué ta situation, on s’est renseigné. Il y a eu une perquisition dans le journal auquel la Sédition avait confié tes preuves.

– Les hommes de Tanim s’en sont aussi pris à un journal ?

– Non, c’était la police et ils sont intervenus dans un cadre légal. Ils ont évoqué l’atteinte à la vie privée pour obtenir un mandat et fouiller les lieux. C’est quelque chose qui ne s’est jamais vu de mémoire de journaliste, c’est pour ça qu’on avait laissé les preuves là-bas : on ne pensait pas que le réseau de Tanim s’en prendrait à la presse. En cherchant un peu plus loin, on a compris que le procureur ayant délivré le mandat était proche de certaines des personnes que tu as permis d’exposer. »

Je crois que je vais vomir. Mes pires craintes se confirment : c’est tout un réseau d’hommes puissants qui en a potentiellement après moi. Que se serait-il passé si j’étais rentrée dans mon appartement, la semaine dernière ? Une fois les preuves de leurs manigances détruites, il ne restait plus qu’à faire disparaître les témoins. J’ai soudain un flash.

« Denis, est-ce que vous avez vu passer des nouvelles sur une assistante de Tanim prénommée Judith ? Je n’ai pas beaucoup d’informations sur elle, à part ça et le fait qu’elle est rousse. Vous pourrez vous assurer qu’elle va bien ? »

Il opine du chef sans poser de questions, puis reprend.

« Bref, si on n’avait pas laissé les preuves dans cette rédaction, tu n’en serais probablement pas là. Mais si tu me suis, on s’assurera que Tanim ne retrouve pas ta trace.

– Et moi ? »

Rémi vient d’ouvrir la bouche pour la première fois depuis l’arrivée de Denis. Il a un de ses petits sourires moqueurs vers le Brésilien, qui lui répond par un regard sévère. Je ne comprends pas à quoi il joue, mais j’ai l’impression que Rémi cherche à le provoquer. Denis répond d’une voix calme, cependant.

« Rémi, c’est ça ? Alexandra n’accueillera qu’Angèle, c’est sûr. Mais je te propose de venir avec moi, le temps que je te trouve une solution.

– C’est vraiment indispensable qu’on soit séparé ? » je demande.

Je sens la main de Rémi qui vient se poser sur la mienne et serrer mes doigts. Je ne comprends pas pourquoi, mais je sens qu’il est en colère. Il a été si stoïque, toute la semaine, alors que le monde s’effondrait autour de nous. Pourquoi s’énerve-t-il maintenant, alors que nous sommes sur le point de trouver une solution ? Denis remarque nos mains croisées, hésite, puis secoue la tête.

« Désolé, mais pas le choix. J’essaierai d’arranger les choses rapidement. »

Je ne suis pas à l’aise avec le fait d’être séparée de Rémi, mais vu les circonstances, je me vois mal exiger quoi que ce soit. Je fais juste confiance à Denis, lui qui m’a déjà tant aidée. Rémi semble moins convaincu, car il se lève avec mauvaise humeur.

« Alors on y va. »

Il se dirige vers la sortie du parc en shootant dans les cailloux sur sa route. Je me penche vers Denis et chuchote.

« Désolée pour le comportement de Rémi. Je pense que le stress de ces derniers jours commence à le rattraper. »

Les yeux dorés du Brésilien me considèrent un instant avec une expression inquiète, mais il répond avec une voix douce.

« Pas de soucis. Il m’a juste l’air un peu… intense. »

J’ai un soupir.

« Des fois, oui. Mais j’ai besoin de lui. C’est dur à expliquer, mais sans lui, je me sentirais incapable d’accomplir quoi que ce soit. S’il te plaît, fais ton maximum pour que l’on puisse se retrouver.

– Je comprends. Ne t’inquiète pas, on va trouver une solution. »

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